L’humoriste Peter MacLeod a présenté dans un de ses spectacles un numéro portant sur la vie de couple, plus précisément sur les compromis à faire afin de maintenir la bonne entente dans le couple. Ce numéro m’a interpellé de par une certaine profondeur philosophique.

 

MacLeod a dit quelque chose du genre et je cite de mémoire : « Un compromis dans un couple consiste à faire avec ta conjointe quelque chose que ta conjointe aime, mais que toi tu n’aimes pas et, inversement, ta conjointe acceptera en échange de faire avec toi quelque chose que tu toi aimes, mais qu’elle n’aime pas. Stie, c’est-tu assez plat ça? Y a-t-i [sic] quelque chose de plus plate qu’un compromis? Si c’est ça la vie de couple…».

 

Vous vous demandez sans doute ou est ce que je veux en venir avec ma tranche de vie de couple dans une chronique financière. Je fais simplement un lien entre l’argument philosophique de MacLeod sur le compromis et les fonds négociés en Bourse (FNB). Quoique plusieurs semblent attribuer aux FNB toutes les vertus du monde, investir dans un FNB demeure souvent un geste de compromis consistant à s’accommoder d’un véhicule souvent plus efficace que les fonds communs de placement (FCP), mais aussi souvent moins efficace que l’investissement direct dans des titres individuels.

 

Les FNB : un bon compromis pour les débutants

Loin de moi l’idée de mettre en doute la raison d’être d’un FNB. Je l’utilise notamment afin d’investir dans les marchés émergents dans lequel il est plus difficile d’investir directement. Il n’en demeure pas moins que c’est fréquemment un geste de compromis que d’investir dans un FNB.  

 

Quels sont les choix qui s’offrent aux gens désireux de faire fructifier leurs épargnes? Pour le débutant, il faut admettre que d’investir dans un FNB indiciel est sans doute un point d’entrée très valable. Investir dans un FNB offre une diversification instantanée pour un petit portefeuille. De plus, les frais de gestion associés aux FNB sont minimes, quoiqu’un tel investissement a le désavantage de limiter le rendement à celui de l’indice que le FNB en question calque (à titre d’exemple l’indice S&P 500 regroupant les cinq cents plus importantes entreprises de la Bourse américaine).

 

Investir dans un FNB, c’est accepter d’investir dans un ensemble de titres allant des moins performants aux plus performants et d’accepter ainsi un rendement moyen. Il me semble entendre MacLeod dire : « Stie, y a-t-i [sic] quelque chose de plus plate qu’investir dans un FNB? Si c’est ça la vie d’investisseur…». Là-dessus, je répondrais qu’en ce qui me concerne, l’investissement ne se limite pas qu’à cela, heureusement.

 

Un autre choix s’offrant à l’investisseur débutant est d’investir dans un fonds commun de placement en s’appuyant ainsi sur l’expertise d’un gestionnaire professionnel. Je n’élaborerai pas outres mesures sur cette option dont je ne suis pas un fan. Un texte publié récemment sur ce site par Frédéric Baillargeon s’intitulant Pourquoi les fonds mutuels peuvent vous rendre pauvre, explique très bien les lacunes des fonds communs.

 

Toutefois, je me permettrai d’ajouter mon grain de sel dans ce débat. Ce n’est pas parce que les gestionnaires de fonds communs sont incompétents que la majorité d’entre eux n’arrivent pas à surpasser leurs indices de référence et, ainsi, à  justifier leurs honoraires de gestionnaire. C’est plutôt parce qu’ils sont enfermés dans un processus d’investissement à court terme voué au départ à sous-performer. Le gestionnaire de fonds se doit presque de battre le marché à tous les trimestres, à défaut de quoi ses clients lui tourneront rapidement le dos.

 

Les gestionnaires de fonds communs ne peuvent se permettre d’avoir une vision à long terme, comme tout bon investisseur devrait avoir, puisque la plus large part de leurs clients n’aura pas la sagesse de patienter. Ainsi donc, ils n’osent pas se compromettre en investissant à long terme, puisque cela risque de les faire mal paraître à court terme. Les investisseurs dans les fonds communs, de par leur attitude qui s’apparente à la myopie, sont en quelque sorte responsables de la piètre performance des fonds communs.

 

Choisir ses propres actions… à la Bourse

Ma vie personnelle n’est pas fondée sur le compromis et encore moins mes investissements. Je favorise ainsi donc l’investissement direct dans des titres boursiers. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait dès le tout début de ma vie d’investisseur. J’ai bâti un portefeuille de titres individuels judicieusement sélectionnés, et je considère qu’il s’agit d’un choix qui a rendu ma vie d’investisseur à la fois beaucoup plus lucrative et passablement plus ludique.

 

La constitution et la gestion d’un portefeuille de titres individuels, c’est une ouverture sur  l’histoire, la géographie, la psychologie, la philosophie, l’économie, la finance, la science, la politique, bref, sur pratiquement tout. Pour bien exécuter ce mandat, il faut être curieux et bien informé. Toutefois, si vous êtes de genre plutôt craintif, passif, indifférent et désirant consacrer le moins de temps possible à faire le suivi de ses placements tout en se satisfaisant d’un rendement moyen, alors dans votre cas, un FNB indiciel sera très bien adapté à votre personnalité et vous ne risquez pas de vivre l’expérience comme en étant une de compromis.

 

L’investissement n’est rien d’autre qu’un processus visant à faire fructifier ses épargnes. Certes, mais pourquoi se résigner à le faire moins efficacement  et de manière si peu intéressante que ce que le véhicule FNB offre? Si les FNB avaient existés il y a quarante ans et que j’y avais investi mon premier 1 000$ d’épargne, j’aurais obtenu un rendement moyen composé de l’ordre de 8% et ainsi je me retrouverais aujourd’hui avec un capital de 22 000$. Cela aurait été un rendement très décent compte tenu du taux d’inflation de l’ordre de 3% enregistré au cours de cette même période. Toutefois, vous conviendrez que cela aurait passablement moins lucratif et valorisant que le rendement de 13% que j’ai obtenu à long terme de par ma propre sélection de titres boursiers canadiens et américains, qui a ainsi généré un capital de 133 000$ (sur le même investissement initial de 1000$), soit six fois plus que dans le cas d’un investissement dans un FNB indiciel équivalent.

 

Je souhaite à tous ceux d’entre vous ayant la personnalité et les aptitudes nécessaires (je reviendrai prochainement sur ce point majeur) d’un jour découvrir et vivre l’immense plaisir en tant qu’investisseur autonome de gérer son propre portefeuille de titres individuels. C’est  passablement plus ludique, lucratif et énormément moins plat que de vivre en mode compromis. Qui plus est, ce n’est techniquement plus vraiment compliqué à réaliser de nos jours, grâce à la plus grande accessibilité de l’information boursière et financière.

 

Toutefois, une mise en garde s’impose. Lorsqu’on initie la construction d’un portefeuille de titres boursiers, on fait face au risque de la concentration  (manque de diversification). Je vous proposerai dans ma prochaine chronique mon truc pour y pallier. Je considère qu’avec dix titres répartis dans différents secteurs de l’économie, ce risque est passablement amoindri.

 

Enfin, on ne s’improvise pas investisseur boursier. Il faut avoir un minimum de connaissances en la matière. De plus, il faut avoir préalablement fait ses propres devoirs avant d’investir dans un titre. Il faut aussi être conscient que notre pire ennemi en Bourse est nous même. Nos sentiments de crainte et d’avidité se manifestant au mauvais moment d’un cycle boursier (achat au sommet ou vente au plancher) jouent de vilains tours à ceux qui ne sont pas en mesure de les contrôler.

 

Le FNB, porte d’entré fort louable sur l’investissement pour le néophyte, pourra vous mener bien plus loin à condition d’un jour savoir en sortir. Le rapport de force que peut posséder le petit investisseur autonome sur l’investisseur institutionnel est passablement plus grand que ce que la plupart d’entre vous peuvent s’imaginer.

Ça vous dirait d'épargner des centaines de dollars en frais de transaction?

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