
Imaginons le cas de figure suivant. On est en présence d’un jeune du genre dynamique et ambitieux à l’aube de sa vie professionnelle et passionné par le monde de la finance et de l’investissement. Il a lu plusieurs livres sur le sujet et exploré le Web de long en large pour accroître et parfaire ses connaissances en la matière. Compte tenu de son jeune âge et de ses obligations familiales, il a plus d’ambition que de cash disponible pour investir. Néanmoins, il a quand même à ce jour accumulé un petit pécule disponible pour investissement à long terme.
Ses recherches lui ont appris que la grande majorité des gestionnaires de fonds communs de placement (FCP) n’arrivent pas à égaler le rendement du fonds indiciel négocié en bourse (FNB) après les frais. Conséquemment, cela ne lui semble pas une option valable.
Quant aux FNB, ils ne le font pas vraiment vibrer. Cela se marie mal à sa personnalité active. De plus, il désire obtenir un rendement sur son capital supérieur à celui de la moyenne générale offerte par un FNB indiciel. Conséquemment, il opte pour la gestion active d’un portefeuille de titres boursiers. Il ouvre donc un compte chez un courtier à escompte et le voilà prêt à commencer sa carrière d’investisseur autonome à la Bourse. Voilà pour la présentation du cas de figure.
Connaissances approfondies de la Bourse
Connaître les rouages de l’investissement et de la Bourse est élémentaire pour réussir. Toutefois, une panoplie d’aptitudes est nécessaire pour bien réussir. Bien que notre jeune apprenti investisseur possède toutes les connaissances théoriques nécessaires pour bien réussir, il demeure très vulnérable et exposé à de nombreux risques. Notamment, celui de l’absence d’expérience en matière d’investissement boursier ainsi que celui de l’immaturité émotionnelle.
Un troisième risque auquel notre nouvel investisseur s’expose, et qui est le sujet principal de cette chronique, est celui du manque de diversification qu’aura son portefeuille au départ, et ce, pour une période plus ou moins longue. Forcément, ce portefeuille embryonnaire risque d’être des plus volatils, ce qui pourrait facilement exacerber le sentiment de crainte de son propriétaire et lui faire prendre éventuellement de très mauvaises décisions. À ce stage, le support d’un mentor serait l’idéal. Toutefois, l’accès à l’expertise d’un routier chevronné de la Bourse n’est pas nécessairement à portée de main de tous.
Je considère qu’un minimum de dix titres, idéalement vingt, sont nécessaires pour bien assurer la diversification sectorielle et géographique d’un portefeuille. Alors, comment réussir à initier la construction un portefeuille boursier diversifié avec un pécule modeste sans trop s’exposer à ces risques, tout en demeurant pratico-pratique?
Compenser le manque de diversification
Une alternative accessible à tous pourrait consister à commencer à bâtir son portefeuille en achetant deux titres boursiers qui, dans les faits, serait l’équivalent d’en acheter plusieurs dizaines. Comment est ce possible? Simplement en faisant l’achat d’un titre faisant partie du sous-indice de la bourse qu’on appelle : Société de gestion/ Conglomérat. Sommairement, une société de gestion est une société qui gère des actifs pour elle-même et/ou pour des tiers, tandis qu’un conglomérat est un regroupement d’entreprises actives dans différents secteurs de l’économie.
Investir dans ce genre de société permet une diversification instantanée. Grâce à cette stratégie toute simple, il est possible de pallier aux lacunes en matière d’expérience et de maturité émotionnelle de notre jeune investisseur. Que demander de plus que l’équivalent d’un service de gestion privé de haut de gamme pour nous supporter, et ce, tout à fait gratuitement?
Un exemple concret de portefeuille
Je me permets de vous présenter deux de ces titres faisant partie du sous-secteur «Sociétés de gestion» dont j’ai le bonheur de profiter depuis longtemps, soit Brookfield Assets Management (BAM.A) ainsi que Onex Corporation (ONEX), qui se transigent tous deux à la Bourse de Toronto. Ce sont deux titres peu connus et peu médiatisés. En répartissant également le capital disponible entre ces deux firmes, vous obtenez automatiquement une diversification géographique ainsi qu’une diversification sectorielle très élargie. Voici un bref aperçu des rendements composés obtenus à moyen terme par ces deux firmes comparativement à leur l’indice référence :
ONEX | BAM.A |
Moyenne (Onex+Bam)/2 |
S&P/TSX |
Écart (Moyenne-S&P/TSX) |
|
Depuis 10 ans | 11.7% | 8.4% | 10.1% | 5.9% | +4.2% |
Depuis 5 ans | 20.7% | 21.3% | 21.0% | 10.6% | +10.4% |
En extrapolant l’écart de rendement de 4.2% obtenu au cours des dix dernières années dans ces deux titres sur une période de quarante ans, on constatera une création de richesse de 5 fois supérieure par rapport à celle qu’aurait créé le même capital investi dans l’indice référence. Ce n’est pas rien. Faites vos propres devoirs et vérifications et vous serez à même de constater l’exceptionnelle qualité de l’équipe de gestion de ces firmes ainsi que l’immense diversification qu’elles offrent.
Vous pourriez éventuellement récidiver, mais cette fois, sur le marché américain. Chez nos voisins du Sud, vous pourriez choisir Berkshire Hathaway (BRK.B), la société de l’illustre investisseur Warren Buffett. Ces derniers trois titres pourraient très bien constituer à long terme la base de votre portefeuille.
Ultérieurement, vous pourriez, à votre rythme, personnaliser votre portefeuille en y greffant des titres de votre propre sélection dans des secteurs qui vous sont familiers, en y déployant vos futures épargnes. À cette étape, je vous suggère de vous en tenir à des firmes qui ratissent large comme Canadian Tires (marchand général, détaillant de vêtements, détaillant d’équipements sportifs, distributeur de produits pétrolier, gestionnaire immobilier, financier). Vous devriez éviter les entreprises qui compte sur un seul produit (exemple : Blackberry qui avec un seul produit vedette est passé de héros à presque zéro en peu de temps avec une perte de 90% de sa valeur).
Ainsi, lentement mais sûrement, l’expérience si précieuse se bâtira et la maturité émotionnelle se raffinera. Après quelques années et près d’une dizaine de titres en portefeuille, fort d’une certaine expérience, vous pourriez devenir plus pointu dans vos choix d’investissement.
Croyez en mon expérience. Sur dix titres sélectionnés par un bon investisseur, un ou deux choix seront mauvais, un ou deux autres médiocres tandis que les six ou sept autres varieront de corrects à très bons, si bien que j’estime que 60 à 70% des choix de titres s’avéreront judicieux.
On peut donc espérer une bonne moyenne au bâton, mais il y a un risque lorsqu’on commence. En effet, la confiance d’un nouvel investisseur serait fortement ébranlée si le hasard voulait que ses deux premières sélections ne fassent pas partie du lot des 60% de bons choix. J’en ai vu plus d’un subir cet expérience pénible d’être confronté aux conséquences d’un manque de diversification combiné au mauvais sort.
Bref, partir du bon pied à la Bourse est très important. Le danger, pour le nouvel investisseur, n’est pas seulement de perdre de l’argent. C’est aussi, et surtout, de tourner le dos à jamais à l’investissement boursier suite à un premier revers, une décision qui pourrait lui coûter très cher à long terme.
Note : L’auteur détient une position longue dans trois des cinq titres dont il est fait mention dans cette chronique, soit : BAM.A, ONEX et CTC.A.
À propos de Carl O. Bélix
Grace à ses succès en investissements boursiers, Carl est aujourd’hui un électron libre menant sa barque sans compromis. Il a œuvré professionnellement dans le secteur de l’énergie pendant plus de trente ans. Jeune, il est accidentellement tombé dans la marmite de potion magique de l’investissement. Ses effets étant devenus permanents chez lui, il en a profité depuis pour «tabasser» outrageusement les professionnels de l’investissement de ce monde, à les faire rougir de honte quant à leurs rendements. Carl tient à préciser qu’il ne détient aucune formation officiellement reconnue dans le domaine de la finance, de l’économie et de l’investissement. S'il tient à conserver l’anonymat, c'est par souci de protéger sa vie privée, car il réfèrera régulièrement à ses propres expériences afin de supporter ses propos.
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