
On a l’impression que les bas taux d’intérêts resteront ainsi encore un certain temps. Même en remontant un peu, ils seront encore loin de constituer, à eux seuls, un frein à l'acquisition d'une propriété. En 2021, sommes-nous seulement capables d’imaginer payer 15 % d’intérêts sur une hypothèque? Si vous êtes dans la vingtaine ou la trentaine, vous n’avez jamais connu des taux aussi élevés. Mais les personnes plus âgées garderont un mauvais souvenir de ce qu’elles payaient en 1980.
Acheter en 1980, c’était se sentir généreux envers la banque
Ces temps-ci, on stresse à propos de l’inflation. En mai, l’indice des prix à la consommation a grimpé de 3,6 % au Canada. Mais durant les années 1980, le taux d’inflation moyen était de de 5,97 %. Pourquoi se soucier de l’inflation? Parce que pour tenter de la contrôler, la banque centrale du Canada joue sur son taux directeur, qui lui, a un impact sur les taux d’intérêts proposés par les institutions financières.
Au début des années 1980, le taux hypothécaire moyen, pour un terme de cinq ans, frisait les 17 %. Peu de temps après, en août 1981, il a dépassé la barre des 20 %, avec une cime record de 21,46 %. Qu’est-ce que ce taux représente? Si vous aviez un prêt de 50 000 $, vous payiez plus de 10 000 $ d’intérêts par année. Ceux-ci diminuent avec les années qui avancent et le remboursement qui progresse, mais quand même! Personne ne souhaitait que son renouvellement tombe en août 1981.
Les taux hypothécaires sont restés au-dessus de 12 % jusqu’en 1985. Que se passerait-il si les taux d’aujourd’hui étaient aussi élevés, en considérant les prix des maisons actuels? Un taux à 20 % d’intérêt pour un achat à 400 000 $ ferait certainement très mal au portefeuille. En plus, pendant les premières années, vous payeriez pratiquement juste des d’intérêts et ne verriez pas votre dette diminuer rapidement. Mais consolons-nous! À court terme, une telle situation a très peu de chances de se produire réellement!
Acheter en l’an 2000, c’était être chanceux sans nécessairement s’en douter
Au tournant des années 2000, les taux hypothécaires, beaucoup plus raisonnables, se situaient entre 6 % et 8 %. Cela nous paraît tout de même énorme aujourd’hui! Le taux moyen pour un terme de 5 ans est descendu en-dessous de 6 % en 2003.
Les acheteurs des années 2000 ont profité de ces taux d’intérêts bas, en comparaison à ce qu'ils avaient vécu pendant les décennies précédentes. Chanceux, ils ont aussi connu une hausse importante de la valeur de leur habitation. Acheter un condo neuf en 2001 et le renvendre cinq ans plus tard pouvait vous amener un généreux gain! De quoi vous payer un duplex dans un quartier central de Montréal, encore abordable à l’époque.
Depuis le début des années 2000, les taux hypothécaires sont dans une descente quasi constante. Par contre, d’autres facteurs, comme le resserrement des règles hypothécaires et la hausse des prix des propriétés, sont venus compliquer l’accès à la propriété.
Acheter en 2020, c’est loin d’être évident
L’avantage d’acheter en 2020? Avec de très faibles taux d’intérêts, vous remboursez votre dette plus rapidement. Il y a tout de même plusieurs autres éléments à considérer lorsqu'on choisit un prêteur hypothécaire, comme la vitesse de vos remboursements et la hauteur de votre mise de fonds.
La question qui tue : les prix de l’immobilier continueront-ils de monter? Le contexte actuel, créé par une rareté de l’offre, a propulsé les prix des maisons. La demande est forte en 2021, en raison des faibles taux d’intérêt, de l’épargne élevée et des changements des besoins des acheteurs. Obtenir un financement sous la barre des 2 % pour un terme de 5 ans ne relève plus de la fiction. Tout n’est pas rose pour autant. Avec la hausse du prix des maisons, les versements mensuels demeurent élevés et l’incertitude règne quant à l’évolution des prix de revente.
De 1999 à 2016, le montant médian de la dette hypothécaire des Canadiens est passé de 91 900 $ à 180 000 $ (en dollars constants de 2016). Selon la même source, de 2005 à 2016, alors que l’indice des prix à la consommation augmentait de 22 %, le prix des logements grimpait de 109 %. Cela signifie que les prix des propriétés augmentent généralement plus vite que les prix des autres secteurs économiques et que les salaires ne suivent pas nécessairement. De plus, les règles hypothécaires ont encore été resserrées en 2021. Les craintes des autorités se justifient par une dette élevée, qui fait en sorte qu’une hausse des taux sera plus difficile à absorber par les acheteurs. Tous ces facteurs font en sorte que l’accès à la propriété, en 2021, n’est pas facile, malgré de bas taux d’intérêts.
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À propos de Maude Gauthier
Passionnée par la finance, l'entrepreneuriat et l'immobilier, Maude a exploré ces trois thèmes dans des centaines de billets de blogue. Avant de se lancer dans l'écriture et le marketing en 2018, elle a travaillé dans la recherche universitaire pendant plusieurs années. Diplômée, rediplômée et surdiplômée ne soyez pas surpris de croiser un cours ou une conférence en ligne. Variété et diversité sont ses mots d'ordre !
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